En
fin d'année 1968, Jimi de retour en Grande-Bretagne annonce
la fin de l'Experience :
" Mitch et Noel ont chacun de leur côté
des projets... manager et produire d'autres artistes par exemple.
Nous allons donc nous séparer au début de l'année,
en respectant toutefois les dates de concert prévus. Rassurez-vous,
je vais continuer à m'occuper, à faire ceci ou celà.
Mais il y a d'autres scènes qui nous attirent..."
" Je ne sais pas ce que je garde de
l'Experience, mais je ne crois pas que nous aurions put continuer
longtemps l'aventure. A présent, l'Experience est un fantôme.
Comme les pages noircies d'un vieux journal intime. Je veux faire
des choses tout à fait nouvelles et ce qui est passé
ne m'intéresse guère. "
On voit d'ailleurs Jimi se produire en février 1969 au London's
Albert Hall avec le nouveau groupe de Mitch
Mitchell, Fat Mattress. Tout ça reste un peu confus et
le public boude un peu, il veut revoir le Jimi de l'Experience,
la bombe de scène. Jimi repart vite aux USA où il
assure quelques concerts avec Cat Mother, the All-night News-boys
et Fat Mattress. Les sommes mise en jeu sont énormes, jusqu'à
600.000 Fr par soir ! Jeffrey voudrait reformer l'Experience mais
Jimi a déjà commencé à prendre contact
avec d'autres musiciens, dont les percussionistes Jerry Velez et
Juma Sultan, et Billy Cox, son ancien compagnon de caserne. Dans
le même temps, il se lie d'amitié avec un nouveau producteur
Alan Douglas qui semble plus intéressé par son potentiel
musical que par les dollars qu'il peut gagner. Le genre de producteur
que Jimi attendait depuis longtemps...
Jimi s'intéresse de plus en plus eu jazz, par l'intermédiaire
du pianiste de Miles Davis, Larry Young. De plus, les concerts en
plein air l'attirent vraiment:
" On se retrouve pour jouer ensemble:
ça se fait tout simplement. On va jouer la plupart du temps
en plein air, dans les endroits qui peuvent acceuillir beaucoup
de monde. Ce sera un peu comme une église céleste...
La meilleure façon pour que ta musique te renvoie des échos,
c'est l'atmosphère. "
"Nous jouons très fort pour que
le public puisse ressentir aussi physiquement la musique, qu'ils
l'emportent avec eux dans leurs coeurs."
Et en juin, commencent les travaux du studio Electric
Lady sur les ruines de l'ancien Generation Club, dans Greenwich
Village. La responsabilité est confiée à John
Storyk et à Eddie Kramer.
WOODSTOCK
Eté 1969, le plus grand évènement musical de
toute l'histoire, le Festival de Woodstock
! C'est l'apogée de la culture hippie. Tout le gratin de
la musique joue durant 3 jours un hymne à l'amour et à
la paix : Joan Baez, Sly Stone, Joe Cocker, Simon & Garfunkel,
Ravi Shankar, etc... mais c'est à Jimi que revient l'honneur
de clore le festival.
Le 18 août, devant ce qu'il reste des 500.000 spectateurs
en transe, le Gypsy Sun & Rainbow fait sa première apparition.
Le début est un peu mou, et le public a un peu de mal à
suivre, le groupe encore neuf prend ses marques. Puis, une fois
Voodoo Child lancé, la machine ne s'arrête plus...
Purple Haze enchainé
sur un hymne américain torturé dénonçant
l'action américaine au Vietnam, puis une improvisation monumentale
mettant tout le monde d'accord sur la maitrise de l'instrument que
possède Jimi. Et ce set fabuleux s'achève sur un merveilleux
blues.... un moment magique pour ceux qui ont la chance d'y assister....
" A travers la musique, j'exprime tout
beaucoup plus facilement. Tu hypnotises des gens qui retrouvent
leur état naturel, ce qui est très positif. Ils retrouvent
leur enfance, par exemple, et c'est là qu'ils sont les plus
réceptifs. A partir de cet instant, tu peux t'exprimer dans
leur subconscient... Un musicien, s'il est messager, est comme un
enfant qui n'aurait pas été trop abimé par
les mains de l'homme. C'est pour celà que la musique a bien
plus de poids pour moi que toute autre chose. "
" Il y a deux ans, tout ce que je voulais,
c'était être écouté. Il me fallait absolument
percer. Maintenant, je souhaite faire passer ma musique d'une manière
plus sage. "
Le groupe se recompose ensuite pour devenir le Band
of Gypsies et se produit au Fillmore East pour le nouvel an
1970. Buddy Miles est à la batterie et Billy Cox à
la basse (Mitch Mitchell est retourné
en Angleterre en octobre 1969). Mais malheureusement, pressé
par la compagnie, le concert et l'album sont de piètres qualités,
à l'image du fiasco du concert au Madison Square Garden ...
le résultat négatif ne se fait pas attendre... dès
février 1970, le Band of Gypsies n'est plus qu'un souvenir.
On parle de la reformation du Jimi Hendrix Experience, mais Jimi
ne veut plus jouer avec Noel Redding... finalement Billy Cox reste
et Mitch Mitchell revient.
Les choses semblent mal tourner et Jimi est perturbé: son
procès pour détention d'héroïne au terme
duquel il est acquitté en décembre, le litige qui
oppose les avocats de Jimi et de son producteur Ed Chaplin (Capital
Records) à propos d'un album de Curtis Knight. Jimi doit
en effet encore un album à Capitol Records avant d'être
enfin libre de toute obligation.
A ce stade Jimi désirerais faire quelque chose avec Miles
Davis et Gil Evans. Miles Davis le trouve vraiment sympa et un truc
le surprend : Jimi ne sait pas lire la musique! Impossible de parler
techniquement, donc Miles joue au piano et Jimi reprend aussitôt
derrière. Son oreille musicale l'impressionne. Malheureusement
le projet n'aboutira pas plus loin. Par contre Jimi a rencontré
un nouveau producteur qui semble beaucoup plus intéressé
par le potentiel musicale de Jimi que par sa capacité à
faire gagner des dollars. Et Jimi ne cherche pas à savoir
ce que deviennent ses dollars, car il ne veut pas devenir une victime
de la religion du $$$. Ses managers s'en sont mis pleins les poches...
Qui plus est, son avocat, Steingardten, a tout fait pour empêcher
le test de paternité qu'il aurait du faire en vu de savoir
s'il était ou non le père de la petite Tamika (née
de Diana Carpenter, sa petite amie de 1966 à New-York).
L'entourage de Jimi n'est la que pour les dollars, Eric Clapton
se souvient :
"A chaque fois que je lai
vu, il était entouré dun minimum de quatre personnes
qui le tiraient de gauche et de droite. On avait limpression
quil ne pouvait sen dépêtrer. Je ne pourrais
pas à lexpliquer, mais je ne vois pas pourquoi il ne
pouvait sen débarasser. Il était si adorable
quil nétait pas difficile à certains de
linfluencer et peut-être dabuser de lui. Cétait
la meilleure part de lui-même, cette sorte dinnocence
quil avait. Cest là-dessus que tout le monde
jouait."
Au mois de mars 1970, il participe à quelques albums : Stephen
Stills avec le titre "Old time, Good time", joue avec
Clapton sur "Go Back home", et joue avec Arthur Lee sur
l'album "False Start" sur le titre "The Evelasting
First".
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